On n'écrit pas à un ange comme on écrit au Père Noël !
Il est même légitime de considérer que l'on ne peut écrire à un ange.
Alors quel est donc cet ange qui est censé recevoir la lettre destinée à l'Eglise d'Ephèse ... comme pour les six autres Eglises ?
Le verset 1.20 du Livre de l'Apocalypse apportait cette précision :
« Voici le mystère des sept étoiles que tu as vues sur ma droite et des sept chandeliers d’or : les sept étoiles sont les anges des sept Eglises ... »
Mais Jean ne va pas écrire pour autant ... à des étoiles !
Dans l'Ancien Testament, des "anges" se manifestent fréquemment et se révèlent être en fait des "messagers" de Dieu.
Ces messagers peuvent prendre différentes formes ... et recevoir différentes appellations.
Nous pouvons lire par exemple en Genèse 32.24 :
« Jacob resta seul. Et un homme lutta avec lui jusqu'au lever de l'aube. »
Ce combat est d'ordinaire compris comme le combat de Jacob avec un ange de Dieu.
Mais le terme hébreu pour désigner l'adversaire de Jacob n'est pas "Mal'ak" qui, d'ordinaire, peut se traduire par "ange" ou "messager", mais "Iysh", ce qui correspond à un homme, un être humain de sexe mâle.
Au terme du combat, Jacob comprend qu'il a lutté ni avec un homme, ni avec un ange ... mais avec Dieu en personne ce qui le conduit à dire :
« J'ai vu Elohim face à face, et mon âme est sauve. » (Genèse 32.30)
Cet "homme" est donc une incarnation d'Elohim sous une forme humaine.
En conséquence, si Jean n'écrit ni aux anges, ni aux étoiles, nous devons considérer l'ange de l'Eglise d'Ephèse comme un "messager", c'est-à-dire un personnage intermédiaire ayant pour mission de transmettre à l'assemblée des chrétiens d'Ephèse ce qu'elle doit entendre.
Ce "messager" est un homme, peut être un ancien de l'Eglise, ou tout autre responsable investi du pouvoir de diffuser au sein de l'assemblée une prédication.
Un responsable qui sera en mesure de lire le message ... car n'oublions pas que la plupart des auditeurs de cette époque ne savaient pas lire.
Mais aussi un responsable qui se devra de transmettre fidèlement le message sans l'altérer et l'amputer de ce qui pourrait lui sembler gênant.
Signalons dès à présent ce qui est écrit à la fin de l'Apocalypse au titre du respect de l'intégrité du texte biblique :
« Si quelqu’un retranche des paroles à ce livre prophétique, Dieu retranchera sa part de l’arbre de la vie et de la cité sainte qui sont décrits dans ce livre. » (Apocalypse 22.19)
Car le message destiné à l'Eglise d'Ephèse est loin d'être élogieux :
« J’ai contre toi d'avoir abandonné ton premier amour. » (verset 4)
Ce reproche formulé par « Celui qui détient les sept étoiles dans Sa main droite et qui marche au milieu des sept chandeliers d’or » (verset 1), qui n'est autre que le Seigneur, a été commenté dans la présentation de ce chapitre deux.
Face à cette récrimination, l'Eglise d'Ephèse affiche cependant quelques mérites ...
« Je connais tes œuvres, ton travail, ta persévérance, et que tu ne peux supporter les méchants. Tu as mis à l'épreuve ceux qui se disent apôtres et qui ne le sont pas, et tu as compris qu'ils mentaient.
Tu as de la persévérance, tu as souffert à cause de Mon Nom, et tu ne t’es pas lassée. »
(versets 2 et 3)
Mais il y a cette réserve, qui vient peser lourd dans la balance en défaveur de cette Eglise :
« J’ai contre toi d'avoir abandonné ton premier amour. »
Le Seigneur est-il exigeant ?
Non, tout dépend de ce que l'on considère comme prioritaire.
Aux versets 2 et 6 le Seigneur valorise les "œuvres" de cette Eglise ... mais au verset 5 il invite les chrétiens d'Ephèse à revenir à leurs « premières œuvres ».
Et ces « premières œuvres » se résumaient comme suit, à l'époque où Paul écrivait à cette Eglise :
« Quant à moi, j'ai appris votre foi dans le Seigneur Jésus et votre amour pour tous les saints. » (Epître aux Ephésiens 1.15)
Pour le Seigneur, ce qui est prioritaire sur toutes autres œuvres, c'est la foi et l'amour !
Comment l'évaluer ?
Par la charité, la solidarité, la fidélité ...
Ce message s'adresse aux chrétiens de tous temps afin ... « Que celui qui a des oreilles entende ce que l’Esprit dit aux Eglises. » (verset 7)
Ce message doit inciter à la persévérance dans la foi ... et l'amour !
Car l'enthousiasme des premiers temps peut laisser la place au dessèchement spirituel face à l'épreuve du temps.
Beaucoup sont capables d'agir sur un "coup de cœur", un élan solidaire, une émotion passagère.
Mais plus rares sont ceux qui s'inscrivent dans la durée et qui, confrontés à l'épreuve du temps, aux intempéries de la vie, s'accrochent à leur « premier amour ».
Souvenons-nous de la parabole du semeur et de cet enseignement de Jésus à propos de ceux qui s'écartent de la foi ...
« Ceux qui reçoivent la semence sur la pierraille, quand ils entendent la parole, ils la reçoivent aussitôt avec joie.
Mais ils n’ont pas de racine en eux-mêmes car ils sont éphémères.
Ils tombent dès que survient une tribulation ou une persécution à cause de la parole. »
(Evangile selon Marc 4.16-17)
C'est par une formule allégorique livrée autrefois à l'un de Ses prophètes que le Seigneur nous met en garde contre ce dessèchement de la foi en nous montrant ce verset ...
« Quand le vent d’orient l’aura touchée, ne séchera-t-elle pas entièrement ? »