Jean vient d'avaler le petit livre qui se trouvait dans la main de l'ange.
Le fait d'avaler peut être considéré comme un acte symbolique qui consiste en une prise de connaissance du contenu du livre.
Ce faisant, il vient d'accroître sa connaissance des évènements à venir car ce livre contient des révélations que le prophète va devoir assumer.
Le déroulement du Livre de l'Apocalypse, porteur de ces révélations, va ainsi se poursuivre avec la septième trompette au chapitre onze.
L'Ancien Testament a révélé de nombreuses prophéties, mais le contenu de la prophétie de Jean va être bien différent de celles de l'Ancien Testament, même si nous sommes dans le prolongement de celui-ci.
Nous pouvons ainsi comparer le petit livre que Jean reçoit au rouleau d'Ézechiel ...
« Fils d’homme, mange ce que tu trouves ! Mange ce rouleau, et va, parle à la maison d’Israël ! » (Ézechiel 3.1)
Lorsque le prophète Ézechiel recevait un rouleau (format ancien des livres), il devait s'en imprégner avant de prophétiser à l'attention d'Israël.
Jean reçoit pour mission de prophétiser non plus sur Israël mais sur toutes les nations.
C'est la première différence : nous ne sommes plus dans le cadre de l'ancienne alliance réservée aux Juifs mais dans le contexte de la nouvelle alliance universelle.
« Je le mangeai, et il fut dans ma bouche doux comme du miel. » (Ézechiel 3.3)
A la différence de Jean, Ézechiel n'a pas connu l'amertume après avoir ingéré le texte écrit qui lui était donné.
Les prophéties qu'il devait annoncer étaient négatives envers Israël ...
« La maison d’Israël ne voudra pas t’écouter, car aucun d’eux ne veut m’écouter ; car toute la maison d’Israël a le front dur et le cœur obstiné. » (Ézechiel 3.7)
... mais il restait une espérance au temps d'Ézechiel :
« Va vers ceux de la déportation, vers les fils de ton peuple, et tu leur parleras. » (Ézechiel 3.11)
Ainsi, Ézechiel n'a pas connu l'amertume d'une prédication qui ne suscite pas d'écho.
« Ils ne se repentirent pas de leurs meurtres, ni de leurs sortilèges, ni de leur prostitution, ni de leurs vols. » (Apocalypse 9.21)
Jean pressent l'amertume d'une prédication qui sera adressée à une multitude qui restera sourde.
Ceux qui, après lui, s'efforceront de promouvoir la Parole de Dieu dans le monde connaîtront ces moments où les paroles que l'on prononce semblent douces comme du miel ... et se révèlent ensuite sans effet sur ceux qui les ont entendues.
Vous parlerez de l'amour de Jésus ... on vous répondra par des moqueries, des sourires narquois, parfois de la haine.
Vous proposerez du miel ... on vous retournera l'amertume.
Au mieux, vous connaîtrez l'indifférence ...
Vous pourrez être découragé, sur le point de renoncer ... à quoi bon prophétiser, évangéliser, enseigner la Parole de Dieu dans un monde qui reste sourd ?
Alors le Seigneur prend les commandes et nous impose de continuer en nous montrant ce verset :
« Fils d’homme, écoute ce que je te dis ! Ne sois pas rebelle, comme cette maison rebelle ! Ouvre ta bouche, et mange ce que je te donne ! » (Ézechiel 2.8)
La vie d'un serviteur de Dieu n'est fondée ni sur le découragement, ni sur la rébellion, mais sur l'engagement volontaire dans la direction que le Seigneur lui montre en acceptant de se nourrir avec ce qu'Il lui donne.
Ne soyons pas comme Jonas qui refusa de se rendre là où Dieu lui disait d'aller prophétiser !