L'étude du verset 2 qui annonçait "un petit livre ouvert" ne nous a pas permis d'approfondir son contenu.
Ce petit livre est de nouveau évoqué à la fin du chapitre car il est nécessaire à la compréhension de l'Apocalypse.
L'ange prévient Jean :
« Prends et mange-le ! Il sera amer pour tes entrailles, mais dans ta bouche il sera doux comme du miel. » (verset 9)
Que peut-il donc contenir qui soit agréable au goût ... mais difficile à digérer ?
Il arrive parfois qu'une bonne nouvelle soit dans un premier temps une source de réjouissances ... puis se révèle ensuite lourde à assumer tant les conséquences sont difficiles à vivre.
Dans le cas présent, la bonne nouvelle va être douce comme du miel pour Jean qui la reçoit ... mais elle est très lourde à porter
Car cette "bonne nouvelle" se nomme en fait Evangile (en grec "evangélion").
Comment l'Evangile, la Bonne Nouvelle annoncée par Jésus Christ, peut-elle devenir une source d'amertume ?
N'est-elle pas l'annonce du salut en Jésus Christ, une source de réjouissances pour tous ceux qui voient ainsi s'ouvrir les portes de la vie éternelle ?
Oui, bien sûr ... mais les autres ?
C'est avec enthousiasme que l'on commence la lecture du Livre de l'Apocalypse comme on a pu lire les quatre Evangiles ou le reste de la Bible.
Mais en avançant pas à pas au bruit des trompettes, avec ces annonces de catastrophes qui vont endeuiller l'humanité ... l'amertume s'impose.
Certes, ceux qui sont ainsi frappés héritent de la colère de Dieu parce qu'ils se révèlent incapables de se repentir de leurs péchés.
Mais combien nous les avons aimés malgré tout ... combien il est difficile d'admettre que tout ceci va frapper des personnes qui nous sont chères, notamment parmi ceux qui nous sont proches ...
C'est ainsi que beaucoup, après avoir entrepris de lire la Bible, capitulent avant la fin : ce Livre révèle trop de violences, trop d'injustices ... et la Justice de Dieu qui s'annonce pour y mettre un terme est parfois comprise comme une injustice.
Mais c'est la nature humaine qui est ainsi jugée.
« Il sera doux comme du miel. »
La douceur du miel, associée à celle de la crème de lait, ou du caillé, est évoquée à propos de l'enfance d'Emmanuel, nom par lequel Jésus est annoncé dans l'Ancien Testament ...
« Il mangera de la crème et du miel, pour qu’il sache rejeter le mal et choisir le bien. » (Ésaïe 7.15)
On peut se demander en quoi ces denrées alimentaires, mentionnées dans ce verset mis en avant par le Seigneur, peuvent nous apprendre à choisir entre le mal et le bien.
Il est écrit : « L'homme ne vivra pas seulement de pain, mais de toute parole sortant de la bouche de Dieu. » (Evangile selon Matthieu 4.4)
L'homme ne vivra pas non plus que de miel ... mais quand la Parole de Dieu est comparée à du miel, comme c'est le cas dans ce chapitre de l'Apocalypse, il devient évident que ce "miel", cette Parole, est l'aliment idéal pour nous apprendre à choisir entre le bien et le mal.
C'est ainsi que nous pourrons faire la différence entre la Lumière ... et les ténèbres ; la vraie Justice ... et les vraies injustices.
« Nous qui sommes du jour, soyons sobres, revêtus de la cuirasse de la foi et de l'amour, avec pour casque : l'espérance du salut !
En effet, Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais pour l'obtention du salut par notre Seigneur Jésus Christ. »
(1 Thessaloniciens 5.8-9)
La cuirasse de la foi nous protège ... mais la cuirasse de l'amour peut nous affliger.
Certes, la juste colère de Dieu doit s'exercer sur le monde conformément aux Ecritures Saintes, tout en épargnant Son peuple.
Mais, dans l'amour du prochain, comment s'en réjouir ?
Il va falloir vivre avec cette amertume au cœur ...
Il va aussi falloir continuer à diffuser ces prédications, sachant que le petit livre "doux et amer" n'est autre que notre Bible, et plus particulièrement le Livre de l'Apocalypse, qui annonce tout à la foi l'amour de Dieu et Son incontournable jugement.
C'est probablement dans un état d'esprit similaire, rempli à la fois d'enthousiasme et d'amertume, que Jean a reçu la Révélation et qu'il a dû la consigner par écrit.
Mais un serviteur du Seigneur se doit d'exécuter ce qui lui est demandé ... que cela lui plaise ou non !
Jean, comme tout prophète, a poursuivi sa mission en retraçant par écrit ses visions et en prophétisant encore sur les nations.