En 753 avant Jésus Christ, Rome est fondée sur la rive droite du Tibre, sur un site comportant sept collines de 40 à 50 mètres de hauteur.
Si l'on ne peut garantir la date de la fondation de Rome qui revêt un caractère mythique, on ne peut douter de l'existence des collines qui lui ont valu le surnom de "ville aux sept collines".
De ce fait, il est aisé d'établir un rapprochement entre Rome et les « sept montagnes, sur lesquelles la femme est assise ».
Car nous lisons plus loin ...
« Et la femme que tu as vue, c'est la grande cité qui règne sur les rois de la terre. » (verset 18)
Jean, dans sa vision, est ensuite le dépositaire d'un dénombrement de rois qui doivent se succéder et pour lesquels il nous semble bien difficile d'élaborer des hypothèses tant ceux-ci peuvent avoir vécu par le passé, dans le présent, ou dans le futur.
« Et les rois sont au nombre de sept ... » peut aussi avoir une dimension symbolique car le sept est porteur d'une pérennité temporelle.
Quoi qu'il en soit, ce qui est au centre de ce chapitre c'est la cité de Rome et la "grande prostituée" dont le jugement est annoncé au premier verset.
Deux mille ans se sont écoulés, Rome n'est plus la capitale d'un empire mais celle d'un pays qui est loin de régner « sur les rois de la terre ».
On ne peut donc écarter l'hypothèse que ce qui est visé dans cette prophétie a dépassé le contexte historique de la Rome antique en visant la papauté, que l'on appelle aussi "monarchie pontificale".
Dans quelle mesure cette "monarchie pontificale" pourrait-elle régner « sur les rois de la terre » ?
La réforme grégorienne amorcée au Moyen Age a développé l'affirmation de cette "monarchie pontificale".
Le pape souverain, chef de "l'Église universelle" (catholique vient du grec "katholikos" = universel), dispose des glaives spirituel et temporel.
Ceci révèle la tendance théocratique de la papauté, l'Église catholique s'étant ainsi assimilée à la Cité de Dieu sur la terre.
« Cette femme était vêtue de pourpre et d’écarlate, parée d’or, de pierres précieuses et de perles. » (verset 4)
En lisant ceci, comment ne pas songer aux couleurs symboliques des vêtements des dignitaires religieux ?
Les cardinaux des confessions catholique romaine et anglicane portent un vêtement pourpre.
La nécessité de différencier cette tenue de celle, violette, des évêques, a conduit à tirer le pourpre cardinalice romain vers l'écarlate, qui est devenu au Moyen Âge la couleur symbolisant le pouvoir.
Pendant des siècles, les institutions religieuses toutes puissantes ont pu se parer « d’or, de pierres précieuses et de perles » tant elles se sont enrichies, assises sur « des peuples et des foules, des nations et des langues » (verset 15) qui leur ont payé des dîmes et autres redevances ...
La colonisation du monde n'a fait qu'accentuer ce rapport pervers des autorités religieuses, indépendamment des confessions, avec "Mamon", terme araméen qui symbolisait la richesse, et dont la domination fut dénoncée par Jésus en son temps ...
« J'ai trouvé Israël comme des raisins dans le désert, j'ai vu vos pères comme les premiers fruits d'un figuier.
Mais ils sont allés vers Baal-Peor, ils se sont consacrés à l'infâme idole, et ils sont devenus abominables comme l'objet de leur amour. »
(Osée 9.10)
Cette parole que le Seigneur nous montre, formulée par le prophète Osée à propos des Israélites, peut malheureusement s'adapter aux églises corrompues ...
"J'ai trouvé l'Eglise comme des raisins dans le désert, j'ai vu vos pères comme les premiers fruits d'un figuier.
Mais ils sont allés vers Mamon, ils se sont consacrés à l'infâme idole, et ils sont devenus abominables comme l'objet de leur amour."
Oui, « la femme est assise » dans l'idolâtrie.
Et « l’intelligence associée à la sagesse » qui sont requises pour comprendre cette corruption est du même ordre que ce qui était nécessaire pour calculer le nombre de la bête (Apocalypse 13.18).