Le dragon ne va pas sur la plage pour faire du tourisme.
Il attend que monte de l'abîme son associé.
Aussi le verset suivant (Apocalypse 13.1) nous annonce :
« Alors je vis monter de la mer une bête avec dix cornes et sept têtes. »
Déjà, au VIIIe siècle avant Jésus Christ, quand il prophétisait contre les pécheurs, Amos désignait le fond des océans comme lieu de résidence du serpent ...
« S'ils se dérobent à mes regards dans le fond de la mer, là j'ordonnerai au serpent de les mordre. » (Amos 9.3)
A la même époque, Ésaïe prophétisait :
« En ce jour, l'Eternel frappera de sa dure, grande et forte épée le léviathan, serpent fuyard, le léviathan, serpent tortueux.
Et il tuera le monstre qui est dans la mer. »
(Ésaïe 27.1)
En français, l'abîme et l'abysse (fosse sous-marine très profonde) ont une origine commune (grec et latin).
La mer, assimilée à l'abîme, est une source intarissable de créatures démoniaques dans le Livre de l'Apocalypse.
C'est du "puits de l'abîme" que surgissent les sauterelles de la cinquième trompette.
Satan est à leur tête : « Elles ont pour roi l'ange de l'abîme, dont le nom hébreu est Abaddon, et le nom grec Apollyon. » (Apocalypse 9.11)
C'est aussi de là que doit sortir la bête qui combattra les deux témoins du Seigneur :
« Lorsqu'ils auront fini de témoigner, la bête qui monte de l'abîme leur fera la guerre, les vaincra et les tuera. » (Apocalypse 11.7)
La mer est aussi comparable à l'abîme quand elle récupère les démons chassés par Jésus ...
« Les esprits impurs sortirent, entrèrent dans les porcs, et le troupeau se lança en bas de la falaise, dans la mer. Environ deux mille se noyèrent dans la mer. » (Evangile selon Marc 5.13)
En nous montrant ce verset, le Seigneur souligne le fait que la mer est un lieu de refuge pour les esprits impurs et les légions de démons, serviteurs du diable.
N'est-ce pas ceux-ci, formant une "légion de démons" (Evangile selon Marc 5.9), que le dragon attend pour former ses troupes quand « il se tint sur le sable de la mer » ?
Pourtant, contempler l'océan est un spectacle grandiose et émouvant.
Emouvant mais dangereux quand vient l'ouragan.
Peuvent alors surgir de l'inconscient les peurs ancestrales exprimées par les prophètes ...
La mer est identifiée au deuxième jour de la Création.
« Ainsi il fit, Elohim, le firmament, et il sépara entre les eaux celles qui sont sous le firmament des eaux qui sont au-dessus du firmament. » (Genèse 1.7)
Chaque étape de la création, du premier au sixième jour, se conclut en hébreu par la formule suivante : "Vayar Élohim ki-tov."
Ce qui donne en français : « Elohim vit que c'était bon. »
Mais cette formule n'est pas mentionnée au second jour !
Cette séparation des eaux était nécessaire ... mais elle portait un germe de division qui ne pouvait être bon : un élément perturbateur se trouvait dans l'ombre des ténèbres.
Le chiffre deux symbolise la division, le duel, l'apparition de l'autre face à l'unique, le premier.
Et cet "autre", ce second, s'il ne se révèle pas être un allié ... sera un adversaire du Dieu unique.
« Et la terre était un tohu-bohu avec ténèbre sur les faces de l’abîme ; et l’esprit d'Elohim se mouvait sur les faces des eaux. » (Genèse 1.2)
Un abîme avec plusieurs "faces" car en hébreu ce mot est toujours au pluriel ... et de ce fait la matière mouvante appelée "eaux" a aussi plusieurs faces.
Par contre, en hébreu, le mot "ténèbre" est un singulier ... tout comme l'Esprit de Dieu.
Dès le premier jour, nous avons un face-à-face entre l'Esprit de Dieu et la face sombre de l'abîme.
Aussi le Seigneur va devoir organiser cet univers chaotique (tohu-bohu) afin de séparer l'espace céleste, d'où viendra la lumière d'une part ... de la ténèbre qui règne par ailleurs en permanence, notamment au fond des océans.
Nous nous sommes tournés vers la Genèse pour essayer de comprendre cette malédiction qui pèse sur la mer ... portons-nous maintenant vers la fin de la Bible.
« Alors je vis un nouveau ciel et une nouvelle terre.
Car le premier ciel et la première terre avaient disparu et il n'y avait plus de mer. »
(Apocalypse 21.1)
Plus de mer ... donc plus d'abîme ni de malédictions !
Si l'eau doit encore exister, elle prendra une autre forme.
Le séjour des créatures démoniaques n'existera plus dans la nouvelle Création ... puisque celles-ci auront disparu !
La séparation du second jour avait différencié les eaux célestes des eaux terrestres (Genèse 1.7).
Si les secondes sont appelées à disparaître dans la nouvelle Création, les eaux célestes continueront d'abreuver la cité céleste.
Ainsi cette « nouvelle terre » sera conçue dans un « nouveau ciel » situé « au-dessus du firmament ».
L'unité initiale des eaux lors de la première Création sera ainsi restaurée.